C’est l’histoire de trois amis de vingt ans : Clara, Louis et Simon. Les deux garçons sont amoureux de la jeune femme. La guerre éclate. Simon est de confession juive, tout se referme devant lui. Louis épouse Clara, se range derrière les choix de sa famille, grands négociants en champagne, et collabore avec l’occupant. Il s’accommodera de cette situation pour éloigner définitivement son rival. Puis le vent de l’Histoire tourne. Louis pense qu’il est temps de changer de camp. C’est alors qu‘il découvre que Clara s’était engagée à son insu dans la Résistance. La réalité, c’est ce qui n’était pas prévu. Simon est déporté, Louis devient un héros, Clara se tait…

C’est l’histoire d’un secret. Une petite histoire dans la grande Histoire. Louis Deterrage a connu tous les honneurs. Après la guerre, plusieurs fois ministre, sénateur, il fut un homme politique respecté de tous. Avec sa femme, Clara, ils formaient un couple exemplaire. Résistants tous les deux, ils menèrent ensemble le combat politique. On ne pouvait les dissocier. Elle et lui. Lui et elle. Quand on louait leur mérite, leur courage, il répondait : « Seule Clara a du mérite et du courage, moi je n’ai aucun mérite, aucun courage. » Ce qu’on prenait pour un excès de modestie cachait en réalité un secret qu’il garda toute sa vie pour lui seul.

C’est aussi une histoire d’amitié qui ne sortira pas indemne de la traversée de la seconde guerre mondiale. Alain Knapp met en évidence le basculement de la vie sociale ordinaire – avec ses joies, ses peines et ses espoirs – dans une vie contrainte et brutalement conditionnée par des évènements politiques (Accords de Münich, Drôle de guerre, Collaboration, Résistance,…) qui vont obliger les individus à se positionner selon un déterminisme social.
L’auteur montre, déroule, déplie (comme une carte de la psychologie humaine) le processus déconcertant que l’égoïsme met en oeuvre pour arriver à ses fins et pour exploiter des circonstances tragiques au dépend des autres.
En somme, il contextualise le devenir d’un collaborateur avec l’oppresseur.

Alain Knapp, dans l’histoire de cet homme qui abandonne son meilleur ami alors qu’il sait les risques qu’il encourt, rappelle à chacun que la paix et la liberté dépendent de tous et nécessitent une vigilance au quotidien, mais aussi que courage et lâcheté, générosité et égoïsme, peuvent habiter le même homme et qu’il s’agira toujours devant nos responsabilités d’une question de choix.

Restent des questions… Qu’est-ce qui fait qu’on protège quelqu’un plutôt qu’on l’abandonne dans la pire situation ? Pourquoi le geste le plus cruel peut être exécuté de la façon la plus ordinaire ? …